• Chapitre 5 : …Adversité

     

    La nuit me fait perdre la tête.

    Je me vois tomber devant Elliot, je rêve de ça depuis des jours.

    Je tombe, et tout s’écroule.

    Mon monde tombe en même temps que moi et je chute inexorablement. Je ne peux plus bouger. Mon dos me fait souffrir. Je sais que je n’y peux rien, et je chute.

    Je chute et je me réveille.

     

    - Ariane ? Tu vas être en retard si tu continues comme ça.

     

    Encore endormie, je rouvris les yeux sur ma fenêtre.

     

    - Ce n’est pas la première fois que tu n’arrives pas à te lever. Aller, on mange dans 10 minutes, tu devrais aller te préparer.

     

    J’avais envie d’un bon bain mais je sais que nous n’avions pas les moyens d’avoir beaucoup d’eau chaude. Il faudra que je me contente de la bassine d’eau froide… 

     

    - Ariaaaaaaane !

    - J’arrive… Grommelai-je.

     

    Théa était dans le même état que moi, mais avec un peu de chance j’irai dans la salle d’eau avant elle. On se défie du regard un instant, puis je fonce vers la porte tandis qu’elle tombe par terre.

     

    - Nooooon !

     

    Je suis arrivée dans la salle avant elle, héhé !

    Je me lavai alors le visage avec soin et entrepris de mettre ma lentille.

    Depuis le début de l’année, j’avais réussi à cacher plus ou moins bien mon œil et Elliot avait vite trouvé une solution : une lentille de verre.

    Je n’en avais jamais vu avant et elle coûtait très cher, mais elle marchait. Mon œil prenait une couleur assez peu naturelle mais, au moins, elle cachait mon rouge.

    Je relevai la tête et mis mon uniforme.

     

    - Viens là, me souris Jessica.

     

    Je me retournai pour lui montrer mes cheveux.

    Je n’aimais pas vraiment que les autres me touchent, mais Jessica était différente. Elle ressemblait trop à Marie pour que je lui refuse quoique ce soit, et elle était trop gentille pour que je la repousse. Je la laissais alors donner à mes cheveux la forme qu’elle voulait.

    Tout comme Marie, elle disait que mes cheveux étaient superbes. Je ne voyais pas ce qu’avaient les gens avec cette couleur pâle sans chaleur. Si je les laissais longs, c’était pour avoir un minimum de dignité.

    Je ne veux pas ressembler à une fille, mais je ne veux pas qu’on me prenne pour un garçon, douce ironie.

    Je repensai à mon rêve alors que Jessica prenait sa brosse.

    C’était un rêve sombre, dans lequel je me blessais. C’était tout ce que j’avais réussi à comprendre car les autres signes étaient trop flous pour que je puisse y voir. Sur ces images, un grand pressentiment de peur et de souffrance me venait et petit à petit le rêve devenait cauchemar.

    Ce dont j’étais sûre, c’était que ce n’était moi. Ce n’était pas la petite fille. Je vois mon visage tous les soirs, dans ce rêve.

    Je soupirai.

    Cette petite n’aurait pas à vivre ça.

    Tous les après-midi, après les cours, je me faufilai dans la bibliothèque avant même Elliot et Léo et enquêtais. Puis, j’allais rejoindre les meilleurs amis dans la salle de musique où ils jouaient ensemble. Je le écoutais pendant ce qui me semblait être des heures sans m’ennuyer.

    Les notes me faisaient du bien et soignaient mon âme, quand je regardais par les grandes fenêtres pour laisser mon esprit s’en aller.

    Je fermais les yeux et voyais tout un monde, mon monde.

    Sans complainte.

    Sans privation.

    Sans peur.

    Sans personne pour me blesser, pour blesser ceux que j’aime.

    Et puis, quand ils avaient fini, je rouvrais les yeux et revenais à la réalité.

     

    - Ariane ?

     

    Je me tournai vers Elliot.

     

    - Oui ?

    - Tu veux essayer ?

    - Quoi donc ?

    - Le piano.

     

    Ce regard plein de défi et d’amusement me cerna.

     

    - Ou essayer de te taire, à voir.

     

    Je m’y attendais à celle-là.

     

    - Pourquoi pas ? Fis-je en haussant les épaules.

     

    Léo se leva pour me laisser sa place et se plaça derrière moi pour placer mes mains.

     

    - Tu joues cette note, puis tu glisses ton doigt… Tu es plus empotée que ce que je ne pensais !

    - Apprend avec moi à te taire s’il te plait.

     

    Il rigola et regarda Elliot qui était concentré.

    À mon tour de le fixer et je remarquai qu’il avait de longs cils. Il fronçait les sourcils comme si souvent, lui donnant un air que j’appelais « mignon » mais que les autres qualifiaient de « grognon ».

    Je ne voyais pas vraiment de différence.

    Quand je lui disais qu’il était mignon, il se mettait à gesticuler dans tous les sens pour exprimer sa gêne. Il devenait tout rouge et marchait vite. C’était mignon. Je le disais et il m’engueulait.

    Léo, lui, passait aux mains tout de suite.

    Je me souvins d’une dispute récente avec lui. Nos tempéraments explosifs s’étaient transformés en véritable ras de marrée et Elliot avait été obligé de nous séparer. On ne dira pas qu’en vérité Elliot s’en est mêlé parce qu’on avait commencé à se liguer contre lui.

    Je me souvins aussi que ça s’était fini avec moi qui faisais un câlin à mes deux meilleurs amis d’amour.

    Beurk.

    Tout ça pour dire : j’aime bien m’engueuler avec Léo. Ça fait du bien. Même si je le vouvoie.

     

    - Tu es prête ?

    - Hum.

     

    Le piano s’alluma lentement. Les premières notes par Elliot puis la suite avec moi.

    Elles me faisaient penser


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